Et puis il faut revenir.
Revenir et s'interdire de penser à son voyage, parce qu'il y a plus urgent, parce qu'il y a plus grave. S'interdire de rêver à ces douze mille kilomètres, à ces ailes dans le dos, à ces matins angoissés, à ces soirées souriantes, s'interdire de comparer le bonheur et l'insolence d'alors et l'épreuve d'aujourd'hui, parce que c'est la vie, que c'est ainsi, qu'il faut faire front et éviter tant bien que mal de se retourner.
Heureusement, quatorze mois, ça ne s'efface pas comme ça.
Et, de même que la vie ressurgit toujours, malicieuse, effrontée, aux moments les plus noirs, mon voyage a fini par me revenir, boomerang joyeux, coloré, odorant, et me signaler qu'il était quand même de mon devoir d'y mettre un point final.
Je rêvais d'une fin au bord de l'eau, je rêvais de voir le Yang-Tsé se jeter dans la Mer de Chine, et moi dans un retour plein de promesses.
Mon voyage s'est achevé sur le tarmac d'un aéroport chinois.
Mais qu'importe, lorsque le but, c'est le chemin....
J'étais partie pour beaucoup de bonnes raisons, et pour quelques mauvaises que je ne voulais pas m'avouer. Je voulais contenter mes jambes pleines de fourmis, et mon coeur un peu trop palpitant. Je voulais me créer une vie pleine de souvenirs. Je voulais voir, les yeux écarquillés, le monde et ceux qui l'habitent. Je voulais savoir de quoi j'étais faite. Et je voulais de cette vie nomade qui me faisait vibrer depuis si longtemps. Voilà pour les bonnes raisons.
Je voulais essayer d'arrêter un peu ce temps qui file trop vite. Je voulais me prouver que j'étais capable de réaliser quelques chose qui me semblait objectivement impossible. Et peut-être voulais-je aussi le prouver au reste du monde. Voilà pour les raisons moins avouables.
De mon premier coup de pédale plein de questions à mon arrivée en Chine, de l'épopée turque à l'angoisse indienne, du sourire de la Bavière à la nonchalance du Laos, mon voyage a dépassé toutes mes attentes. J'en reviens fière des obstacles franchis. Humble des renoncements, des découragements, de ces quelques épreuves trop dures pour moi. Fascinée par ce monde si complexe, si changeant, si frileux parfois, mais si bienveillant partout.
J'en reviens surtout éperdue de reconnaissance pour toutes ces mains qui m'ont poussées, kilomètres après kilomètres. Toutes ces portes qui se sont ouvertes, chaque soir, sans faillir. Et tous ces encouragements que vous m'avez prodigués ici, et qui m'ont portées comme jamais je n'aurais cru cela possible. Ce voyage aurait été fini depuis bien longtemps, s'il n'y avait pas eu tous vos commentaires, j'en suis convaincue. Merci infiniment.
Mon voyage se termine, et j'en reviens plus forte, et, parce que je connais mes faiblesses et mes limites, plus humble aussi. Prête à faire front, mais les bras ouverts.
Miracle, le temps avait réussi à filer moins vite. Mais les fourmis, elles, sont toujours là.
Tout reste à vivre.
Revenir et s'interdire de penser à son voyage, parce qu'il y a plus urgent, parce qu'il y a plus grave. S'interdire de rêver à ces douze mille kilomètres, à ces ailes dans le dos, à ces matins angoissés, à ces soirées souriantes, s'interdire de comparer le bonheur et l'insolence d'alors et l'épreuve d'aujourd'hui, parce que c'est la vie, que c'est ainsi, qu'il faut faire front et éviter tant bien que mal de se retourner.
Heureusement, quatorze mois, ça ne s'efface pas comme ça.
Et, de même que la vie ressurgit toujours, malicieuse, effrontée, aux moments les plus noirs, mon voyage a fini par me revenir, boomerang joyeux, coloré, odorant, et me signaler qu'il était quand même de mon devoir d'y mettre un point final.
Je rêvais d'une fin au bord de l'eau, je rêvais de voir le Yang-Tsé se jeter dans la Mer de Chine, et moi dans un retour plein de promesses.
Mon voyage s'est achevé sur le tarmac d'un aéroport chinois.
Mais qu'importe, lorsque le but, c'est le chemin....
J'étais partie pour beaucoup de bonnes raisons, et pour quelques mauvaises que je ne voulais pas m'avouer. Je voulais contenter mes jambes pleines de fourmis, et mon coeur un peu trop palpitant. Je voulais me créer une vie pleine de souvenirs. Je voulais voir, les yeux écarquillés, le monde et ceux qui l'habitent. Je voulais savoir de quoi j'étais faite. Et je voulais de cette vie nomade qui me faisait vibrer depuis si longtemps. Voilà pour les bonnes raisons.
Je voulais essayer d'arrêter un peu ce temps qui file trop vite. Je voulais me prouver que j'étais capable de réaliser quelques chose qui me semblait objectivement impossible. Et peut-être voulais-je aussi le prouver au reste du monde. Voilà pour les raisons moins avouables.
De mon premier coup de pédale plein de questions à mon arrivée en Chine, de l'épopée turque à l'angoisse indienne, du sourire de la Bavière à la nonchalance du Laos, mon voyage a dépassé toutes mes attentes. J'en reviens fière des obstacles franchis. Humble des renoncements, des découragements, de ces quelques épreuves trop dures pour moi. Fascinée par ce monde si complexe, si changeant, si frileux parfois, mais si bienveillant partout.
J'en reviens surtout éperdue de reconnaissance pour toutes ces mains qui m'ont poussées, kilomètres après kilomètres. Toutes ces portes qui se sont ouvertes, chaque soir, sans faillir. Et tous ces encouragements que vous m'avez prodigués ici, et qui m'ont portées comme jamais je n'aurais cru cela possible. Ce voyage aurait été fini depuis bien longtemps, s'il n'y avait pas eu tous vos commentaires, j'en suis convaincue. Merci infiniment.
Mon voyage se termine, et j'en reviens plus forte, et, parce que je connais mes faiblesses et mes limites, plus humble aussi. Prête à faire front, mais les bras ouverts.
Miracle, le temps avait réussi à filer moins vite. Mais les fourmis, elles, sont toujours là.