dimanche 25 décembre 2011

Une hospitalité codifiée. Téhéran, km 6930

Juliette nous offre ce texte en ce jour de Noël et vous souhaite de bonnes fêtes.

Les jours qui suivent mon départ de Tabriz sont très enthousiasmants : je chemine sur la Route de la Soie, et cette pensée me donne chaque jour des ailes. Le paysage qui borde ma route est sublime - aride, désertique et d'une immensité vertigineuse. Il me regarde avancer avec la même indifférence qu'il contemplait voilà plusieurs siècles les marchands qui reliaient la Chine à l'Europe. Les villes que je traverse gardent toutes des vestiges de cette époque mythique et je n'aime rien tant que me perdre dans les bazars qui abritent encore les caravansérails où venaient se reposer les voyageurs. Avec un peu d'orgueil, je m'y sens un peu chez moi. Même lorsqu'il ne reste plus que des ruines, j'entre dans chacun d'eux avec la rassurante sensation qu'ils m'attendent et que j'y ai droit.
Sur ma route, pas de chameaux couverts d'épices ou de tissus, mais des convois ahurissant offrant à intervalles réguliers des spectacles dont je ne me lasse pas: des camions qui transportent des tourets de plusieurs mètres de haut menaçant à tout instant de rouler sur la chaussée; des remorques charriant d'immenses câbles qui traînent sur la route et produisent des milliers d'étincelles sur leur passage. Des chargements divers et toujours surprenants : bidons de cuivre entassés, bonbonnes de gaz, imposants blocs de marbre. Les camions sont pleins à ras bord, mais les voitures ne sont pas en reste et débordent de partout. Des barres de fer de deux mètres de long dépassent des fenêtres et rasent ma tête à quelques centimètres à peine. La Route de la Soie est encore aujourd'hui le lieu des trafics les plus divers ! Au milieu de ces convois, des vieilles guimbardes pleines de monde - la grand-mère en tchador, le père qui roule comme un fou, la mère qui disparaît sous une ribambelle d'enfants sautant dans tous les sens - me doublent en klaxonnant. Quand je relève la tête, j'ai toujours la fugitive et très agréable vision de ces regards étonnés et incrédules braqués sur moi, qui s'éclairent de joie quand j'ose un sourire.

Les villages que je traverse en revanche sont uniformément lépreux et glauques. Les rues disparaissent sous la crasse, les bâtiments tombent en ruine, les maisons sont ceintes d'immenses murailles qui empêchent de voir à l'intérieur. C'est pourtant là qu'est la vraie richesse. Même dans les familles les plus pauvres, la pièce à vivre est douillette et chaleureuse. Les tapis qui couvrent le sol forment un cocon dans lequel chacun se blottit et regarde le temps passer. Les hommes enquillent les thés, les femmes aussi, entre deux aller-retour à la cuisine. On dort, on parle, on accueille le nouveau venu sans trop s'en faire. Et puis, soudain, annoncée par les parfums qui s'échappent des casseroles, c'est l'heure : on apporte la grande nappe qu'on déplie cérémonieusement à même le sol : elle se recouvre peu à peu du dîner du soir. En Iran, le repas se savoure bien avant la première bouchée : la table enfin mise se regarde avec gourmandise, et toutes ces textures mélangées mettent immanquablement l'eau à la bouche. Il y a les torchis, ces légumes marinés dans le vinaigre et dont les couleurs joyeuses se côtoient dans les petits bols disposés tout autour de la table ; les ramequins remplis de yaourt ; le plat de riz gigantesque et recouvert d'une gracieuse ligne de safran ; les pains plats que l'on fait passer à chacun. Et le plat enfin, trônant fièrement au milieu et exhalant ses effluves de cannelle, de curry, de curcuma. On sait recevoir en Iran, et chaque repas est une fête.

Une fête, un délicieux moment. Mais aussi l'occasion de s'adonner à un art aussi savoureux que redoutable pour l'étranger de passage : celui du tarof. Comprenez, celui des bonnes manières poussé à l'extrême. Trois semaines que je suis dans le pays et je ne le maîtrise toujours pas vraiment. Trois semaines que je commets impairs sur impairs en manquant forcement, à un moment ou à un autre, une règle de bonne conduite persane. Trois semaines que je ressors de chaque invitation un peu guindée avec de grosses douleurs dans le cou, à force d'être crispée deux heures durant par la peur de paraître impolie.
Le tarof, c'est d'abord une suite à peu près ininterrompue de formules de politesse, que l'on s'échange un peu tout le temps : en arrivant chez notre hôte, en voyant le plat arriver, en finissant le repas, en repartant après l'inévitable thé digestif. "Je suis ton mouton sacrificiel !" "Et moi, je suis ta pelouse !" "N'aie pas mal à la main !" " Et toi, marche sur mes yeux...". Dans chaque pays, les premiers mots que je dois apprendre d'urgence diffèrent. En Turquie, c'étaient les innombrables subtilités des liens de parenté. En Iran, ce sont ces formules de politesse surréalistes que je récite consciencieusement mais qui ne me permettent jamais d'avoir le dernier mot : on renchérit toujours derrière moi, et je clos systématiquement mes visites par un sourire un peu désarmé... Certains excellent dans ce domaine. Comme Reza à Tabriz, que je surprends au sortir du repas à remercier notre hôte. Il enchaîne les formules, un sourire béat et bienheureux aux lèvres, assurant avoir passé le meilleur dîner de sa vie. Après une bonne minute de remerciements élogieux, il se retourne vers moi, l'air à nouveau impassible, le repas déjà oublié.
Mais surtout, le tarof, c'est, plus subtilement encore, l'art de ne jamais accepter quelque chose frontalement, de toujours arriver à ses fins de manière détournée. Cela m'en donne le tournis ; on commence ainsi toujours par refuser avant d'accepter : une invitation, un cadeau, le fruit qu'on vous tend, l'argent pour payer le taxi. L'interlocuteur insiste, on refuse de nouveau, il ne cède pas, on accepte à contrecœur en précisant que l'on se sacrifierait pour lui. Toute une mécanique que je suis loin de maîtriser. Voulant faire bonne mesure, je refuse ainsi chez Zahra le plat que l'on me tend au dîner, comme j'ai vu le reste de l'assemblée le faire. Mon hôte hausse les épaules, vaguement surprise, et le plat me passe sous le nez. Raté !

"Je t'en prie ! Les invités, chez nous, ce sont comme des Dieux. Ou alors, comme nos meilleurs amis. Et puis, surtout... Ils attirent l'argent !". Voilà ce que me répond Rougayeh après que je l'ai remerciée (un nombre incalculable de fois, on l'aura compris) de m'avoir invitée. Les Iraniens aiment les invités, c'est vrai, et les ménagent et les comblent d'attention autant qu'ils le peuvent. Mais ils ne s'en cachent pas : accorder l'hospitalité, c'est aussi s'attirer les faveurs d'Allah ou de leurs Imams, et assurer la réalisation de leurs vœux. Un intérêt que personne ne cache et que l'on me révèle, les yeux brillants d’étoiles à l'idée de tout le bénéfice que l'on pourra retirer de la soirée. Je ne vais pas m'en plaindre : je goûte non seulement tous les plaisirs de la table persane, mais je permets en plus à mes hôtes de croire à leur bonheur prochain ! Et c'est bien souvent moi qu'ils remercient d'être venue jusqu'à eux... Sincèrement, sans tarof.

mardi 13 décembre 2011

La mort de l'Imam. Zanjan, km 6620

Pas de photos cette fois-ci et un peu de retard: en Iran Juliette ne peut pas accéder à son blog

C'est peu dire que j'étais nerveuse au moment de passer la frontière. En amont, huit kilomètres de camions arrêtés le long de la chaussée annonçaient la couleur. En slalomant sur la bande d'arrêt d'urgence, entre les tables de pique-nique et les tasses de thé des routiers qui prennent leur mal en patience, mille questions se bousculent dans ma tête. Et s'ils fouillent mes affaires, s'ils tombent sur ma bombe lacrymogène ? J'ai bien pris soin de masquer l'énorme sigle OTAN qui barre la bombe de manière peut-être un peu trop provocante pour un pays tel que l'Iran, mais est-ce que ce sera suffisant ? Et ma veste, est-elle assez longue pour ce régime ? Et le foulard, assez sobre ? Il faut dire que la République Islamique nourrit tant de clichés et de représentations en tout genre... Déjà au consulat d’Iran, à Trabzon, au moment de faire mon visa, j’avais montré des signes impressionnants de nervosité - en témoigne l'inquiétude que j'avais éprouvée quand le fonctionnaire avait pointé du doigt le bas de mon pantalon. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Une règle vestimentaire qui m'aurait échappé et qui allait déclencher les foudres des autorités ? Rien de tout cela - mon lacet était seulement défait, avais-je fini par constater avec soulagement.
C'est pareil aujourd'hui. Je me fais toute une montagne de ce passage de frontière - et finalement, il ne se passe rien.
Les derniers mètres carrés de la route turque sont couverts de voyageurs descendus de leurs véhicules pour déballer leurs affaires devant les douaniers. Mais mon passeport européen me permet de passer devant tout le monde avec pour seule contrainte d'encaisser le sourire mi- amusé, mi- ironique du douanier qui jette un coup d'œil au spectacle ridicule de mon casque de vélo par-dessus mon voile... 
Et me voilà de l’autre côté ! Dans ce terrible Iran qu'inconsciemment j'imaginais froid, totalitaire jusqu'au bout des ongles. Pourtant la première impression que j'en ai, encore coincée à l'intérieur du poste frontière, c’est bien plutôt celle d'un grand bazar. Deux hommes se disputent violemment derrière moi et en viennent aux mains sans que personne n'intervienne… 

Les jours qui suivent mon arrivée sont mitigés. Les familles chez qui je trouve refuge le soir sont toujours accueillantes et extrêmement bienveillantes. Mais l'attitude des hommes que je croise sur ma route me pèse énormément. Plus qu'en Turquie, les regards sont souvent trop appuyés, les gestes parfois déplacés. Et à mon arrivée à Tabriz, la situation est telle que je suis fermée à n’importe qui. Je me mets des œillères, je me contente d’avancer sur mon vélo, sans répondre, même aux simples bonjours que j’entends sur mon passage. Je n'arrive pas à relativiser.
Alors pourquoi est-ce qu’à la sortie de Tabriz, toujours aussi fermée et paranoïaque, je décide de laisser sa chance à celui qui une fois de plus me demande de m’arrêter sur le bas-côté, plutôt qu'à n'importe quel autre ? L'intuition peut-être, ou le hasard. Pourtant je suis méfiante. Lui me parle un anglais balbutiant autant qu'enthousiaste. Il m'explique que les deux jours qui suivent sont des jours de fête en Iran, que sa femme et lui seraient très heureux de m'inviter à les passer avec eux. Je refuse, je veux continuer ma route, mais il insiste, je le regarde et, tout-à-coup, toute ma peur disparait. "Bon, c'est d'accord". En deux secondes, mon vélo est chargé dans la voiture et nous faisons demi-tour pour revenir à Tabriz. Pourquoi ai-je autant confiance alors que cela fait plusieurs jours que je me braque à chaque regard échangé ? Je n'en sais rien. Mais ce qui est sûr, c'est qu'un voyage se nourrit de ce genre de rencontres, de ces coups du destin qu'il faut savoir dans sa détresse reconnaitre et accepter. Et combien d'autres ai-je manqués ?
Et me voilà invitée à l'Achoura par Rahim et Mariam, trentenaires curieux de tout, ingénieurs chimistes tous les deux. L'Achoura. Voilà plusieurs siècles, le petit-fils de Mahomet, Hossein, venu libérer une ville du désert qui l'appelait à son secours, est tombé après un valeureux combat sous les coups du tyran Yazid. Depuis ce jours les Chiites n'en finissent plus de le pleurer. Chaque année, sa mort donne lieu à un  mois entier de deuil. Et à deux jours plus intenses encore, que je  m'apprête à vivre avec eux.

Le lendemain, nous prenons tôt la voiture, accompagnés de Reza et Negar, un couple d'amis, pour nous rendre a une cinquantaine de kilomètres de la, chez la sœur de Rahim. C'est elle et son mari qui organisent la réception pour ces deux jours. La maison est bien sûr un lieu privé, pourtant ici les règles sont strictes : femmes et hommes sont séparés, les femmes au rez-de-chaussée, les hommes à l'étage. Me voilà donc logiquement propulsée du côté des femmes. Toutes sont en tchador, mais les plus jeunes lorsqu'elles entrent dans la pièce le laissent immédiatement tomber, pour découvrir des tenues beaucoup plus affriolantes et des décolletés parfois plongeants. Pourtant, le voile reste de rigueur et, bien sûr, tout le monde est en noir. On est en deuil, tout de même !
Enfin, cela, cela ne se voit pas trop. L'ambiance est certes un peu compassée au début de la journée, et tout le monde se regarde en chien de faïence, assis en rond contre les murs, sur les tapis moelleux qui se couvrent de tasses de thé et de gâteaux. Mais peu à peu, l'ambiance se détend, et tourne à la réunion de famille agréable et conviviale. Je me demande comment cela se passe du côté des hommes. Aux alentours de midi, nous ne tardons pas à en avoir un petit aperçu. Un chanteur a été engagé  comme il se doit pour pleurer la mort de l'Imam. Un chanteur qui officie bien sûr à l'étage des hommes, mais, miracle de la technologie, les femmes bénéficient aussi du spectacle grâce à l'enceinte rediffusant ses chants au rez-de-chaussée. "Allo ! Allo ! Un, deux ! Un, deux !". Le son est tonitruant et la surprise provoquée par cette enceinte qui s'est allumée d'un coup provoque des fous-rires incontrôlés chez certaines. Le chanteur commence ses homélies à la gloire de Hossein, et nous pouvons entendre derrière lui tous les hommes qui reprennent gravement les chants en chœur, et qui frappent leur poitrine en rythme. Lointain écho de l'assemblée des hommes où l'ambiance semble être au recueillement et à la solennité.
Un étage plus bas en revanche, il n'en est rien. Les grésillements de la sono sont insupportables. Les femmes crient à présent pour se raconter les derniers potins. Etrange contraste que cette voix qui s'élève pour se lamenter sur la mort de Hossein, et cette multitude de femmes discutant et gloussant comme si de rien n'était. Au moment où le chanteur, emporté par la gravité de l'instant, se met à sangloter pour de bon, Maryam n'y tenant plus grimpe sur le buffet avec toute l'agilité que lui permet sa tenue de deuil, et d'un geste espiègle débranche l'enceinte. Ca y est, chez les femmes, le chanteur a le sifflet coupé. Chez les hommes, le recueillement continue.
L'ambiance paisible et détendue prend soudain fin après le repas, une fois la vaisselle faite. Avant même que j'aie pu comprendre quoi que ce soit, on me dirige vers une pièce minuscule un peu à l'écart de la salle principale. Toutes les femmes s'y trouvent déjà, et je suis l'une des dernières à y entrer avec Maryam avant que la porte se referme. Je lance un regard interrogateur à Maryam qui m'explique : "Les hommes ne peuvent pas manger à l'étage, ils doivent venir dans notre pièce à nous. En attendant, nous, on doit se cacher pour ne pas qu'ils nous voient !". Et elle ajoute : "Heureusement, ils ne sont pas comme nous, les femmes. Ils mangent et ne passent pas leur temps à bavarder. On n'aura pas à attendre trop longtemps !".
Le temps d'un repas tout de même, qui me laisse tout le loisir de compter : dans six mètres carrés s'entassent pour une heure dix-neuf femmes et quatre enfants qui ne mettent pas longtemps à protester violemment contre l'atmosphère étouffante et surpeuplée de la minuscule pièce. Je les comprends...

Si le premier jour du deuil n'y ressemblait donc pas vraiment, le second en revanche, c'est du sérieux. Chaque année, partout dans le pays, l'on rejoue dans des théâtres de rue la mort d'Hossein dans ses moindres détails. Lorsque nous arrivons, la cérémonie a déjà commencé. Sur la place du village, les comédiens en tenues bariolées et parfois même un peu burlesques déclament des vers, entourés de centaines de spectateurs habillés tout en noir. Le spectacle est impressionnant, et il dure plusieurs heures. La mort de l'Imam n'en finit pas. Il faut dire que chaque détail est rejoué minutieusement. Cà et là, parmi les spectateurs, j'aperçois quelques hommes pleurer, de plus en plus nombreux au fur et à mesure que les proches d'Hossein tombent un à un sous les coups de l'ennemi. Pour une occidentale pure souche, c'est tellement surprenant, ces larmes dont je n'arrive pas à savoir si elles sont sincères ou non ! 
Mais je comprendrai mieux un peu plus tard. Negar, Maryam et moi cherchons un endroit pour profiter du spectacle. La meilleure place : sur le toit plat d'une des maisons qui jouxtent la place. Pour y accéder, on grimpe d'abord sur des toits plus bas, à mains nues ou par le biais d'échelles en bois dangereusement accolées au mur. J'ai l'impression d'être dans Aladin. Parfois l'euphorie tient à peu de chose, mais escalader ces murs en terre, dans ce décor grandiose aride et montagneux, c'est un peu réaliser un rêve d'enfance...

Et au sommet, sur le toit le plus haut, le spectacle est incroyable. Des dizaines et des dizaines de femmes en tchador, assises en tailleur, me tournent le dos pour assister à la cérémonie en contrebas. Leur silhouette se découpe sur l'horizon désertique. Les vers des comédiens s'élèvent dans le silence religieux. Je m'approche pour, moi aussi, regarder. Le neveu de Hossein est sur le point de prendre les armes pour défendre son oncle. Je ne comprends pas les vers qu'il déclame mais je devine facilement sa ferveur et son courage. Et soudain quelque chose a changé sur le toit tout-à- l'heure silencieux. Chaque tchador se soulève doucement, en des soubresauts de plus en plus marqués. Ca y est, les femmes pleurent. Le toit entier n'est plus qu'un immense sanglot qui salue le courage du neveu de Hossein. Le temps est suspendu aux larmes des femmes. Leurs soupirs de détresse me donnent des frissons que je suis certaine de ne jamais oublier.
Nous redescendons. Maryam n'a pas pleuré, mais je la sens secouée. "Tu te rends compte, quand même, c'était un musulman, et ce sont d'autres musulmans qui l'ont tué..." Elle reste longtemps silencieuse, puis elle ajoute : "Tu sais, l'Achoura, c'est d'abord une fête pour nous rappeler qu'il y a un jour un homme qui est mort pour faire le bien. Et que pour cela, nous avons chacun le devoir de devenir meilleur jour après jour. De livrer notre combat personnel pour le bien".

Le lendemain, revenue à Tabriz, je quitte avec un gros pincement au cœur Maryam et Rahim. Eux ne devinent pas à quel point ils ont été importants pour moi. J'ai un mal fou à refuser tous les cadeaux qu'ils me prodiguent et l'argent qu'ils s'empressent de me donner. Mais Maryam me réplique : "S'il te plait ! Ca fait partie des enseignements du Coran de donner de l'argent aux voyageurs. Et puis surtout, nous avons suffisamment honte de nous dire qu'avec ton voyage et ce qui te pousse à le faire, tu es beaucoup plus musulmane que nous, qui nous complaisons dans notre confort quotidien..."