jeudi 3 novembre 2011

Mélancolie noire. Giresun, km 5250

Il y a de ces soirs, de ces endroits ou l'on n'est pas le bienvenu. Dans ce village boueux, désert, triste au possible, j'en ai la certitude. Les gens m'ignorent, les têtes se détournent avec dédain sur mon passage. Je peux voir, des maisons, les coins des rideaux se soulever doucement sur mon passage, se rabaisser ensuite. On ne répond pas à mes demandes, ou on m'envoie ailleurs, plus loin, ici non, ce n'est pas possible, dejà la porte se referme. Et soudain, sans crier gare, le desespoir éclate.
Cela faisait quelques jours déjà que je trainais comme une mélancolie partout ou j'allais. La sensation de ne plus parvenir à partager comme je le voudrais, celle que malgré les belles rencontres et les moments d'humanité, l'on ne se comprenait pas vraiment, les Turcs et moi.
Les différences de conception du monde parfois tiennent à un seul mot. A une négation, en l'occurrence.
Dans les pays d'Europe de l'est, on me demandait très souvent si j'avais de la famille : on me posait alors d'innombrables questions à propos de mes parents, de mes frères et soeur, de mes beaux-frère et belle-soeur... Tout le monde y passait, ce qui montrait bien l'importance que la famille prenait dans la vie des gens.
Ici, la question a changé. On ne me demande plus : "Et tu as de la famille ?". On me demande : "Mais alors, tu n'as pas de famille ?". Cela change tout. Parce qu'en Turquie la famille est tellement importante que quelqu'un qui part, seul, si longtemps et pour un but aussi flou, forcément n'a pas de famille. Et quand on apprend que, si, pourtant... On ne comprend pas. Ou on se méfie, un peu. On se demande bien quel genre de personne elle est, pour laisser ainsi les siens. Peut-être qu'elle est folle ?
Voilà peut-être d'ou vient cette rudesse à mon égard, et cette volonté incessante, permanente, tellement minante, de me prouver que j'ai tort, qu'il faut que je m'arrête, que je rentre, maintenant. Tout ce que je veux entreprendre ici pose problème. Aller jusqu'à Bolu ? Problème ! Jusqu'à Trabzon ? Problème ! Et l'Iran ? Mais tu n'y penses pas ! Mais tu es folle ! Rentre donc chez toi ! Tu y seras mieux !
Regarder la météo à mes côtés est souvent la grande joie de mes hôtes. Ils attendent, en silence, avec recueillement presque, les températures des montagnes de l'Est. Istanbul, Ankara, Samsun... Enfin, elles arrivent ! Un sourire de triomphe se peint instantanément sur leur visage, ils me frappent la cuisse du plat de la main. "Ah ! Tu vois ! Je te l'avais dit ! Il fait beaucoup trop froid ! Rentre-donc chez toi !" Et pendant que je souris en essayant de montrer que toutes ces pesantes bienveillances ne m'affectent pas, un détail me revient. Dans tous les autres pays jusqu'ici je m'amusais du fait que l'un des premiers mots que je parvenais à comprendre, souvent, c'était "courageuse". On me le répétait dès les premieres phrases de chaque conversation. En Turquie je ne sais toujours pas comment se dit "courageuse". En revanche, "folle", j'ai eu três rapidement à le chercher dans mon lexique.

Et dans la petite ville de montagne ou je m'arrête pour deux jours, histoire de souffler un peu et d'éviter les villages à l'atmosphère parfois trop pesante, c'est la police qui s'y met. Il ne faut pas me promener seule bien longtemps dans les rues escarpées d'Ilgaz pour que deux policiers zélés m'interpellent. Contrôle d'identité. "Mais pourquoi ?" La question m'a échappé. L'un des deux me regarde, indigné : "C'est la terreur, mademoiselle !".
L'espace d'un instant, j'avais oublié. Ici, le terrorisme - bien réel il est vrai dans les montagnes de l'est - constitue pour tous une psychose récurrente. Il suffit de regarder le journal télévisé du soir pour le comprendre : la grande majorité des titres est consacrée à la terreur kurde sous toutes ses formes, meme lorsqu'il s'agit de diffuser un reportage sur le fait que les joueurs de foot de Galatasaray se mobilisent contre le terrorisme en portant des maillots particuliers. Cette angoisse permanente permet de justifier sans trop de mal le nombre impressionnant de policiers à Istanbul ou ailleurs et, donc, ce contrôle de police. Me voilà fichée, mes activités dument consignées, mon passeport photocopié et moi ramenée comme il se doit à mon lieu de résidence.
Cela m'aurait étonnée que l'affaire s'arrête là. Le lendemain matin, mon passage au café internet ne passe pas inaperçu : trois pas esquissés dans la rue et c'est une voiture entière de police qui s'arrête à mes côtés. Le cybercafé est à huit cents mètres, et j'ai envie de marcher un peu ? Qu'à cela ne tienne ! La voiture me suit, au pas, sur toute la distance, pour vérifier que j'entre bien à l'endroit indiqué. Je m'installe à un ordinateur en maugréant. Les voilà plus ou moins rassurés, ils repartent en trombe. Pourtant, quand une heure plus tard je quitterai la ville à vélo, je n'aurai pas à être particulièrement attentive pour remarquer, pendant toute la matinée, cette voiture de police qui régulierement me dépasse, s'arrête sur le bas-côté, attend que je passe et recommence son manège... J'appuie très fort sur mes pédales. Je quitte la région avec la désagréable sensation d'être suivie.


A force de trainer sa mélancolie et de tout faire pour l'ignorer, on se la prend en pleine face. La mienne a concrêtement pris l'allure d'une belle plaque de graviers bien cachée dans une descente. Trop tard pour l'éviter, mes freins crissent, mon vélo rue de droite et de gauche, et moi, je finis étalée sur la chaussée, le pantalon déchiré et les larmes qui coulent toutes seules... Je n'avais pas du ressentir cette douleur familiere depuis mes dix ans, celle des gravillons incrustés dans les genoux... Alors je pleure, je jure, mon amertume de toute une semaine remonte sous la forme d'une poignée d'insultes bien senties à l'encontre de mon vélo, de la route, de la Turquie, du monde entier !
Ma bordée de jurons est interrompue par des pas précipités derriere moi. Une demi-douzaine d'élégants messieurs en costume trois pièces et attachés-case qui se rendaient probablement à une importante réunion à bord d'une immense voiture aux vitres teintées ont vu ma chute. En un rien de temps je suis entourée, réconfortée. On m'installe sur le bord de la route, on me tend un mouchoir... Je crois rêver : me voilà entourée de tous ces hommes d'affaires dont l'un me désinfecte à présent délicatement au Mercurochrome tandis qu'un autre prépare un pansement. J'ai un peu honte, tellement ma blessure est ridicule. Eux prennent la chose très à coeur, concentrés au possible sur mon genou. Un peu plus et je les imagine me dire dans un sourire amusé : "Alors, on coupe la jambe ?". Le pansement est fait, les hommes d'affaires sortis de nulle part peuvent repartir comme ils sont venus. La petite Juliette qui a à présent huit ans peut s'arrêter de pleurer. La Mercedes repart, et moi je cligne des yeux, et je me demande si j'ai rêvé...


Alors je repense à tout ça ce soir ou décidément toutes les portes se ferment. A toutes ces journées d'effort et d'incompréhension. A tous ces mystères que je n'arrive pas à percer. Et je laisse la mélancolie prendre le dessus.
Voilà qu'on crache à mes pieds maintenant. C'est l'homme qui crache quand je lui demande si je peux dormir là ce soir. La femme, elle, aboie de la même manière que les chiens sur les routes à mon passage. La nuit tombe et moi je cherche toujours. Qu'est-ce que je fais là, dans ce hameau terrifiant ? Les croquantes et les croquants me ferment la porte au nez. Brassens en Turquie. Les larmes ruissellent, elles ne se voient pas avec toute cette pluie...

Et puis, enfin, Hussein me recueille, perdue que je suis. Il me fait des blagues pour sécher mes larmes, s'éclipse et revient avec des biscuits, des chips, et plein de minuscules poissons qu'il fait revenir à la poële dans de la chapelure. Il allume un bon feu de bois, me tend un thé trop sucré, mais j'ai tellement besoin de sucre, ce soir... Alors, c'est lui, l'Auvergnat de la chanson ! Un auvergnat musulman... Il faudrait en parler à Hortefeux ! Cela me fait sourire et de me voir sourire cela le fait sourire. Bien sûr, il ne comprend pas trop ce que je fais la. Il me demande, évidemment, si je n'ai pas de famille, et ne comprend pas quand je lui dis que j'en ai. Bien sûr, il se demande un peu pourquoi la Chine et pourquoi le vélo et pourquoi la solitude... Bien sûr, on ne parle pas la même langue, et toutes les questions que je voudrais lui poser restent bloquées dans ma gorge. Mais il est là, et ce soir dans cette petite cuisine, je me sens si proche de lui. Si proche.
Et le lendemain, quand il me quitte, les larmes aux yeux, soudain je me sens si seule, si seule...

25 commentaires:

  1. De la vendée,au midi en passant par les ardennes et le centre,nous sommes très fier de faire partager ton aventure chaque fois que l'occasion se présente . Tu avances obstinément vers je ne sais qui, mais avec beaucoup de courage tu arrives à décrocher un sourire ,un mot de réconfort . Alors ma Juju ta persévérance est payante, on t'accompagne moralement ,bon courage ,gros,gros bisous JP et M.JO (demain c'est le départ pour le Perou

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  2. Bon courage Juliette et surtout sois prudente.Je t'embrasse Patricia

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  3. Hervé, tout petit cyckiste4 novembre 2011 à 09:16

    Bonjour

    Je suis un compagnon d'escalade de ton cousin Thomas. Je suis également tenté par le démon du voyage à vélo, et j'ai rencontré récemment François Pouliquen, dont tu as sans doute entendu parler.

    J'aime beaucoup ta façon de raconter ton aventure, le dernier épisonde m'a tiré des larmes je dois dire.

    Tu ne manques pas de courage donc inutile de t'en souhaiter, par contre je te souhaite d'autres belles rencontres comme Hussein, et que les portes et les visages s'ouvrent enfin pour toi.

    Bonne route, je te suis du regard, de loin.

    Forza!
    Hervé

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  4. Bonjour Juliette, Vous ne me connaissez pas, je ne suis qu'une cliente fidèle de La Carpinienne et je suis vos récits depuis le début. Hier soir 3 novembre j'ai demandé à mes amies, à qui j'ai communiqué votre Site : "Alors, courageuse ou folle ?" Une réponse qui résume toutes les autres : "Courageuse, c'est indéniable ! Je suis depuis le début convaincue que cette fille a un mental en acier inoxydable !". Si ce commentaire vous donne du baume au coeur, c'est tout bon. Sinon, tout le monde a le droit de flancher, on est humaine après tout. Anne-Marie BAUDRAND

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  5. Salut Juliette

    Merci pour le voyage ! Je suis encore à coté de toi, dur de rentrer à Nancy, happé par ta prose.
    Thomas, dynamo, dynomades.

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  6. Tu n'es pas seule, pleins de gens sont avec toi par la pensée ! gros bisous Marion

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  7. Quelle expérience ! Quel talent d'écriture ! Tu n'es pas seule... De tout coeur avec toi par la pensée même si on ne se connaît pas. Tout ira mieux en Iran. Pays où les gens sont très hospitaliers. Tiens-bon.

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  8. Salut Juliette !
    Que dire que tu ne sais déja, que tu n'as déjà vécu....tu le sais, ces moments de mélancolie, ils passent, ils reviennent, ils sont durs, mais c'est justement car ils sont là qu'on continue, dans l'espoir que demain ça ira mieux, qu'on aura la force de sourire, de rencontrer des gens.... continue, pour nous faire rêver, nous faire voyager, et puis pour toi, surtout pour toi.... Marion

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  9. Tiens bon Juliette nous sommes tous avec toi ! du sommet de la montagne molle nous t'envoyons plein de bisous et plein d'encouragement ! Tout est un mal pour un bien... courage ! :) :) :) :)

    Aurélien

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  10. Salut Juliette,
    le temps passe et tu résistes même si certains villages te semblent plutôt peu accueillants... Ton périple nous fait tous rêver, on raconte tes aventures autour de nous, alors accroche-toi, après la pluie.. le soleil!
    Gros bisous, Céline et Olivier Pargny

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  11. meraba!
    j'espère qu'enfin ce commentaire passera! car, dans les moments un peu difficiles, il est bon de se sentir réchauffé par le soleil de l'autre! le charme de ces voyages au long cours , comme dans la vie, réside dans la variation entre les bons et les moins bons instants. mais, chacun donnera une coloration si belle à l'ensemble.
    mais l'ensemble se construit chaque jour..et, la froideur de certains sera atténuée par le sourire de l'autre. c'est ainsi! et c'est si beau. l'important est d'être prête à recevoir toutes ces informations sur l'humanité...le décodage 'est pour plus tard. merci de nous faire grandir pour mieux "niquer la gueule" (tu sais j'ai une belle part de cité en moi!) à horteufeux et tout ces cons qui nous fermeraient bien la voie de la fraternité! je suis contente de te lire car cela prolonge mes propres souvenirs je t'envoie les ondes positives dont tu ne profites pas pour le moment

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  12. Juju...
    Samuel et moi allons enfin pourvoir te lire...:) après t'avoir imaginé dans ton périple, je peux enfin mettre des mots, des images, dessus!Ton blog va sans doute remplacer mon livre de chevet et c'est avec impatience que j'attends de nouveaux "chapitres"!!!
    Gardes toute la passion et la détermination dont tu faisais preuve lors de nos grands débats à l'opéra!!!;)
    Saches que tous les jours j'ai une petite pensée pour toi, me demandant où tu es et ce que tu fais!!!
    à très vite j’espère!!!!
    on t'embrasse fort et on pense à toi!!!!
    ; )

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  13. ohhhh ma juju!
    jojo m'a passé l'adresse de ton blog!juste un mot: génial!
    on s'en fait souvent du soucis pour toi, et nous nous demandons souvent ou tu peux etre, ce que tu fais et avec qui tu es! ce blog nous ravit!
    tiens le coup juju et quand ca va pas fort pense à l'opera café et aux moJitoooooos!
    super fière de toi!
    a trés bientot ! bisous

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  14. Ce serait trop facile de t'encourager, bien pépère derriére mon ordi. Mais je te lis régulièrement. Je pense bien à toi.

    Papanelly

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  15. Il y a quelques mois maintenant, j'ai lu ce petit article dans l'Est Républicain, relatif à ton périple jusque Shanghai. Depuis, je pensais souvent à toi et ta courageuse aventure, sans pour autant visiter ton blog... C'est chose faite aujourd'hui, et la première lecture qui m'est offerte m'émeut particulièrement, moi qui reviens de Turquie et qui rêve d'un jour réaliser un voyage tel que le tien!

    J'étais en Turquie il y a un petit mois, pour un petit séjour de 3 semaines dans le sud-est (Gaziantep, Urfa, Mardin, Kurdistan), et j'en garde un excellent souvenir... Les réactions des gens que tu as pu rencontrer me surprennent et m'attristent, moi qui ai trouvé les anatoliens (kurdes, turcs, arméniens) si accueillants!

    Je suis convaincu que ces 'rencontres' pour le moins désagréables ne sont que des accidents de parcours et que tu auras la chance à l'avenir de côtoyer des personnes bien plus hospitalières (tu le mérites!)

    Je vais désormais suivre avec beaucoup d'attention tes aventures futures! Ton écriture est passionnante, félicitations!

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  16. Garde la pêche Juliette :)

    Laure

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  17. bonne route Juliette!
    alex z

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  18. Salut Juliette,

    I am new on here,

    It is in French,I dont understand anything,will try googletranslate. :)

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  19. Salut Juliette! J'espère que Bayram t'a aidée à trouver une famille sympa! J'ai beaucoup pensé à toi pendant cette semaine en me demandant si la fête changerait le comportement des gens ou pas! Dans tous les cas, je t'envoie pleins de bisous et de soutien!
    flore

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  20. Avec du retard ...
    C'est l'épisode le plus émouvant que j'ai lu de ce blog.
    Heureusement que sur Terre, il y a des gens sympas comme Cagan55.
    La prochaine fois, tu nous fais rire j'espère.
    The brother (the older one)

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  21. PS : le mot de vérification pour publier mon comm, c'était "reste" !!

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  22. ça y est j'ai trouvé comment t'écrire, je suis vraiment nulle en informatique !!Ma juliette , je pense fort à toi , je vais voir Patricia à la chorale ce soir , chaque fois je lui dit mon admiration pour ton courage et ta persévérance . Et surtout tes récits magnifiques dans le bonheur comme dans la détresse, j'ai ressenti ce début de désespoir dans ton dernier commentaire . La Turquie de l'est où mon mari n'a jamais voulu m'emmener , trop dangereux ... mais tu y es allée quand même chapeau . je te souhaite des jours meilleurs , mais protège-toi c'est l'hiver fais une pause dans un foyer chaleureux . Courage ma Juliette , je pense fort à toi .

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  23. Salut Julıette
    les moments durs font apprecıes les bons moments.
    Nous aussı on a eu un passage dur apres Istanbul: fatıgue et mauvaıs temps, Maıs apres qq bonnes rencontres ca repart. On a rencontre qq ıranıens, ıls ont l aır vraıment accueıllants. Ca donne envıe d y aller.
    Bonne route a toı,
    A plus

    Yo et Clo

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  24. salut miss que je ne connais pas
    j'habitais en meurthe et moselle près de metz il y a 40 ans je suis parti en autostop avec une bourse zellidja sur la mer noire (istanboul, trabzon, girasun, tirebolu, gumushane) et l'année suivante en roumanie 2eme bourse zellidja en stop (portes de fer, timishoara, cluj, dej) continue je pedale à tes cotés
    je m'occupe des jeunes qui veulent partir à la découverte du monde et des autres
    une bise pour la neige et vive le thé trop sucré

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  25. Hello Juliette, je viens de verser quelques larmes moi aussi on lisant tes aventures. Hier nous avons fêter notre pré noël en famille chez Katia. Tu était parmi nous dans nos rires, nos pensées et nos jeux. Couvre toi bien, tu pourras toujours demander de t'apprendre à cracher.

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