Ca y est, mon baptême du feu est accompli.
Et quel baptême du feu ! Le départ bien sûr n'a pas été évident, qu'il se soit fait dans le RER, à Lagny, à Unchair, à Loisy... Et je n'imagine même pas l'état dans lequel j'effectuerai le prochain, depuis Nancy. Je connaissais déjà cette sensation déchirante de s'arracher littéralement de ses liens les plus profonds. Je sais que la sensation ne durera pas, que je serai bientôt plus apaisée - je sais aussi que ce déchirement est nécessaire, ce déchirement et cette angoisse diffuse, ce regret du départ ; nécessaire pour mieux se retrouver à nu, pour mieux renaître comme être solitaire. il n'empêche : j'ai voulu partir et au moment des adieux, je suis loin d'être la plus courageuse. J'ai voulu être forte et détachée, et à l'instant ultime je ne suis pas sûre d'assumer.
Sur mon vélo, je n'ai plus d'énergie à consacrer à ces tiraillements. Il y a quelques jours encore, j'avais la tête pleine de milliards de problématiques différentes. le crâne rempli de l'action des services secrets dans les Balkans, de l'importance du fonctionnalisme et du structuralisme, de l'objet social du GENEPI, de la fonction du héros au cinéma. Je monte sur mon vélo et, hop...
Plus rien.
Le vide total ; le bruit du vent dans mes oreilles et des vitesses qui se changent, entrecoupé parfois de mes encouragements muets dans les passages difficiles. Et dieu sait qu'il y en a, et dieu sait que ces encouragements sont de plus en plus fréquents ! La Picardie est beaucoup plus vallonnée que je ne l'imaginais...
Mes premières étapes sont difficiles, et je mets mon corps à rude épreuve. Je le sens déjà se transformer, trop vite et dans la douleur. Et lorsque je descends du vélo, je suis Martin Eden qui rentre de l'usine : une brute hagarde qui n'aspire qu'à manger et dormir.
Surtout, ne pas penser.
Niveau introspection, donc, ce n'est pas tout à fait ça... Mais j'imagine que, pour cela aussi, il faut en passer par cette régression-là. Je pars pour être libre, cette idée sacro-sainte en tête, et je m'encombre de contraintes énormes. Je deviens animale, cherchant à arriver à bon port pour la nuit, à me mettre au chaud, à satisfaire mes besoins les plus élémentaires. Pour le reste, on verra après...
Mais les gens sont gentils, et il n'est pas rare qu'ils me fassent signe de loin. quand je m'arrête pour parler un peu, je ne mentionne pas toujours le fait que je vais à Shanghai - maintenant que je suis partie, je prends seulement conscience de l'ampleur de la tâche ; bien sûr que c'est réalisable, bien sûr que je peux le faire... Mais pas besoin d'afficher ce petit air frondeur que j'adoptais habituellement, avant. Je vais à Shanghai, oui... Mais d'ici là, je vais surtout en baver !
Enfin, la route est magnifique. Je goûte à mes premières nuits en solitaire et sous la tente, avec un chouette goût d'indépendance en bouche. Je passe des bêtes champs de blé aux vignobles les plus attrayants. J'aime cette idée de voir la terre changer en douceur sous mes roues. Bien sûr, je n'ai pas plus d'énergie à consacrer à des considérations sur le paysage que pour le reste... Mais parfois, en plein effort, je relève la tête, et malgré les côtes ou le vent de face, je souris, heureuse.
Chère Juliette,
RépondreSupprimerA Lagny, un certain écho à tes sensations. Même joie de te voir débuter ton voyage, et le coeur gros de ne plus de voir parmi nous.
N'empêche, bravo! Et place au voyage!
Affectueusement,
Nelly
Bonne chance pour le départ lundi matin, Juliette! Avec du beau temps, j'espère, et le moral ! (mais ça je n'en doute pas).
RépondreSupprimerJe te fais parvenir mes contacts dès que je trouve...
En attendant, bonne route !
bon courage a vous juliette,bonne chance ,bon courage a vous et bonne route
RépondreSupprimerCoucou Juliette, bon vent, bons fleuves, beaux horizons. Racontes nous de belles histoires. Nous te suivrons au fil du temps. Isa et DD
RépondreSupprimerCoucou Ju,
RépondreSupprimerJ'ai vu sur ton itinéraire que tu passais par l'Allemagne et il semblerait que tu traverses Berlin. Je me trouve actuellement à Leipzig, qui en est très proche. Donc si tu cherches un endroit où dormir, manger et te reposer ; n'hésites surtout pas à me faire signe!
En attendant, je t'embrasse bien fort de la part de toute la famille!
Claire Grison
Eh ben, là, ça y est, tu t'es lancée dans une aventure pas banale. Je suis persuadé que tu peux et que tu vas y arriver, et que l'expérience que tu en tireras sera incomparablement plus enrichissante que tout ce que l'on peut imaginer.
RépondreSupprimerNéanmoins, ..... Non, rien.
Je te souhaite seulement d'avoir le moral et l'énergie nécessaires pour surmonter les menues difficultés que tu risques de rencontrer, et de garder intacte l'idée que tu t'es faite du monde que tu vas traverser.
Je t'embrasse bien affectueusement.
A bientôt
Christian
Bonne route Juliette!
RépondreSupprimerBonne route malgré la pluie!!!
RépondreSupprimerEt à très bientôt à Ingolstadt.
Yo et Clo
Quel joli texte, quel courage dans la vérité de tes mots et tout de suite une référence à Martin Eden!
RépondreSupprimerJe sens que je vais suivre ce blog avec attention!
Bonjour Juliette, t'es dans quel coin de la France ce matin? J'aimerais te suivre sur la carte aussi que sur le blog, est ce possible?
RépondreSupprimerTa maman t'a jamais dit de ne pas parler à des étangers?
Roule ma poule.
Salut Juliette,
RépondreSupprimerte rappelles tu de moi? Nous avons passe notre "entretien" Zellidja ensemble, j'etais alors partie en velo en Allemagne. C'est Flore, une amie a ton frere qui ma envoye ton blog, sans doute parce qu'elle pensait que j'y trouverai des ressemblnces avec mes aspirations.. Moi, je suis depuis le 15 mars, sur mon velo ausi, en direction de la Turquie. Aujourd'hui je m'installe quelques temps dans une ferme-escalade bulgare, chez un angais formidable qui veut m'apprendre autant le bulgare, que le moyen de mesurer le temps qui nous separe de la lune ou comment cuisiner les serpents. Bref, ravie de voir que tu grimpes sur un velo pour aller voir le monde! J'espere que tout se passe bien, malheureusement il va faire sacrement chaud pour les deux prochains mois, enfin bon courage a toi!
Manue
www.arouesdevelo.travelblog.fr
Chère Juliette,
RépondreSupprimerJ'ai tremblé en lisant tes premières impressions et il me tarde de lire la suite. Je pense régulièrement à toi, à l'aventure que tu entreprends, au courage dont tu fais preuve, à l'enrichissement énorme que va être cette expérience et en même temps que ça a le don de me terroriser rien qu'à y penser, ça me fascine et fait naître en moi des envies d'aventure…
Alors bonne force et bon vent petite génépiste !
Merci beaucoup pour vos messages qui m´accompagnent et me font chaud au coeur !
RépondreSupprimerClaire, c´est très gentil de ta part, mais je ne passe pas du coté de lepizig... en fait je suis le danube, donc je passe plus au sud... dommage, ca m´aurait bien fait plaisir de te revoir un peu !
Manue, le monde est petit et flore connait beaucoup de monde ! Bonne route en tout cas et j´ai hâte de découvrir ton blog ! (flore si tu passes par là, promis je vais essayer de trouver le temps d´enfin te répondre...)
Lesley, moi aussi j´aimerais bien mettre une carte de mon itinéraire pour rendre tout ca un peu plus concret... je vais me pencher sur la question !
"How does it feel
RépondreSupprimerHow does it feel
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Just like a rolling stone? "
tatatatatataaaa ta ta.... (harmonica, je précise!)
Bon vent ma Juju, j'ai bien pensé à toi le fameux lundi de ton départ...Mais c'est déjà loin, à toi l'aventure, la vraie. Je te suis de près. Des bisous de Montpellier
Gute Reise Juliette, mais au fait, tu as déjà peut-être quitté l'Allemagne?
RépondreSupprimerJe vais te suivre via internet.
Bonnes rencontres et bon vent.
Bises.
Marielle
Chère Juliette
RépondreSupprimerMerci pour l'amour que vous nous avez donné lors de votre séjour à Vienne. Votre esprit de combat, j'ai appris la chose la plus importante dans la vie est d'aimer les autres et vivre sans rien attendre en retour. Ce voyage que vous faites, montre un exemple de comment cet engagement doit être la vie personnelle.
J'espère que dans les moments de fatigue accrue, viendra à l'esprit, entre autres, les bons moments passés à Vienne. Je me souviens de tous les jours.
Ne pas arrêter de pédaler.
Avec l'amour que je dis au revoir.
Rafa.
PS: Excusez l'écriture française maladroite.
bj juliette
RépondreSupprimerstephane (kiné) ma parlé de toi c super ns revenons de roumanie via la slovenie sommes passés a timisaora,sibiu,brasov,cluj magnifique petite routes et villages (en voiture)fais gaf aux chiens ils sont imprévisibles ont te suit allez a fond a fond
pasca vero lena
Bonjour Juliette,
RépondreSupprimerNous nous sommes rencontrés à la "veille" de ton départ dans la librairie de tes parents... j'ai dis que tu irais plus loin qu'Alexandre le Grand... t'en souviens-tu...
J'aime bien ton petit texte sur les cimetière... j'ai vu ceux de mes ancêtres paternels en Ukraine (région de Lviv)... ça m'a fait la même impression.
Bon pédalage, et que tous les dieux te gardent...